Composteurs de jardin : 5 vérités que personne ne vous a jamais dites
Les composteurs de jardin ont la cote. Depuis que le tri des biodéchets est devenu obligatoire, de plus en plus de foyers s’y mettent. C’est écolo, c’est malin… mais pas toujours bien fait. Car composter chez soi, ce n’est pas juste jeter des épluchures dans un bac au fond du jardin. En réalité, beaucoup de gens font les mêmes erreurs – et certaines peuvent ruiner tout le processus.
Alors, avant que votre composteur ne se transforme en nid à mouches ou en bloc de matière immobile, voici 5 vérités peu connues (et franchement utiles) pour éviter les pièges les plus courants. Simples, concrètes et parfois contre-intuitives, elles vont changer votre façon d’utiliser votre composteur de jardin.
1. Utiliser son composteur comme une poubelle

C’est une idée tenace : on pense que tout ce qui vient de la cuisine peut aller dans un composteur de jardin. En réalité, certains déchets font plus de mal que de bien. Viande, poisson, os, produits laitiers, plats cuisinés, restes de pain ou huiles… Ces aliments sont trop riches, trop gras ou tout simplement impossibles à composter dans un bac domestique. Résultat : mauvaises odeurs, apparition de vers indésirables, pullulation de mouches et parfois même de rats.
Mais ce n’est pas tout. Un compost mal équilibré – par exemple rempli uniquement d’épluchures – devient trop humide, ne chauffe pas et se transforme vite en bouillie nauséabonde. Ce que beaucoup ignorent, c’est que pour bien fonctionner, un composteur de jardin a besoin de deux familles de déchets :
- Les “verts” (azotés) : épluchures, marc de café, tonte fraîche.
- Les “bruns” (carbonés) : feuilles mortes, carton brun, paille, branchages.
Sans cet équilibre, la décomposition stagne et le compost ne mûrit jamais.
Bien faire le tri
✅ Acceptez :
- Épluchures de légumes et fruits (en petits morceaux)
- Marc de café et filtres
- Coquilles d’œufs écrasées
- Petites quantités de pain sec
- Carton brun, feuilles mortes, sciure non traitée
❌ Évitez absolument :
- Viandes, poissons, charcuterie
- Produits laitiers (yaourt, fromage…)
- Aliments cuits ou gras
- Restes en sauce, huiles
- Sacs compostables en plastique (même “bios”)
Astuce simple : à chaque seau de déchets humides, ajoutez une poignée de matières sèches. Ça stabilise l’humidité, élimine les odeurs, et garde les micro-organismes heureux.
2. Faire un tas géant avec son compost

Quand on a un grand jardin ou qu’on taille beaucoup, le réflexe est souvent de tout jeter d’un coup dans le composteur. Tonte de pelouse, tas de feuilles, restes de haie… Et voilà un gros monticule bien tassé. Problème : en compostage, le volume ne fait pas la qualité. Un amoncellement mal réparti, c’est le meilleur moyen de bloquer la décomposition. Le cœur du tas devient compact, l’air ne circule plus, l’humidité reste piégée, et les mauvaises odeurs apparaissent.
Autre souci : les apports massifs de tonte ou de feuilles seules créent un déséquilibre. La tonte, par exemple, est très riche en azote (matière “verte”), très humide et fermente vite si on l’entasse. Les feuilles mortes, elles, sont très sèches et appauvrissent le compost si elles ne sont pas mélangées. Résultat : le processus s’enlise, et votre composteur devient un simple stockage, pas une zone active.
Réparti son compos équitablement
✅ Faites :
- Alternez les couches : déchets frais, puis feuilles ou carton
- Coupez ou broyez les branches avant de les ajouter
- Ajoutez la tonte par petites quantités, bien mélangée
- Mélangez le tas une fois par mois pour aérer
❌ Évitez :
- Verser de gros volumes d’un seul type de déchet
- Entasser la tonte sans ajouter de matière sèche
- Laisser le tas sans brassage pendant plusieurs semaines
Petit rappel utile : un bon compost est comme un mille-feuille — varié, léger, bien réparti.
3. Laisser son composteur à l’abandon

Beaucoup pensent qu’une fois les déchets jetés, le compost se fait “tout seul”. En réalité, un composteur de jardin mal aéré ou trop sec devient vite un caillou inerte… ou une bouillie malodorante. Pourquoi ? Parce que le compost est vivant. Il repose sur l’activité de micro-organismes, de champignons, de vers, de bactéries. Et pour bosser, tout ce petit monde a besoin de trois choses : de la matière, de l’oxygène et de l’humidité. Sans ces deux derniers éléments, le processus s’effondre.
Un compost compacté et jamais brassé se prive d’oxygène. Résultat : au lieu de fermenter proprement, il pourrit. C’est là qu’apparaissent les odeurs d’égout, les jus bruns, et les poches de gaz désagréables. Trop sec ? Rien ne se passe. Trop humide ? Ça tourne à la vase. C’est un peu comme une pâte à gâteau : il faut l’aérer, l’humidifier juste ce qu’il faut, et la remuer de temps en temps.
Observer et agir au bon moment
✅ Faites :
- Mélangez le compost environ une fois par mois
- Surveillez l’humidité : pressez une poignée de compost
- S’il forme une boule sans goutter → parfait
- S’il coule → trop mouillé
- S’il s’effrite → trop sec
- Ajoutez un peu d’eau en cas de sécheresse
- Couvrez le compost en cas de pluie persistante
❌ Évitez :
- Laisser le compost compact et sans mélange
- Ignorer l’humidité ambiante (soleil, pluie, vent)
- Croire que la pluie suffit à l’arroser naturellement
Petit réflexe utile : dès que vous ajoutez une grande quantité de matière, retournez le tas légèrement avec une fourche. Ça prend deux minutes, et ça change tout.
4. Mettre des morceaux de déchets trop gros dans son composteur

On pense souvent que “tout finit par se décomposer”… mais à quel rythme ? Certains déchets traînent dans le compost pendant des mois. Coquilles d’œufs entières, trognons de chou, noyaux, morceaux de bois, peaux d’agrumes, épis de maïs : ces éléments sont coriaces. Résultat ? Le compost semble ne jamais mûrir, et le mélange devient difficile à brasser.
Le problème, c’est que les micro-organismes et les vers n’ont pas de couteau. Plus un déchet est gros ou dense, plus il mettra de temps à être colonisé. En compostage, la surface de contact est cruciale : plus elle est grande, plus ça se décompose vite. Un peu comme si vous jetiez un tronc dans la cheminée sans le couper — il ne brûlera pas, ou très mal.
En plus, les gros morceaux peuvent bloquer l’aération, gêner le brassage, et créer des “zones mortes” dans le compost. Bref, ils ralentissent tout le processus.
Réduire la taille pour une décomposition rapide
✅ Faites :
- Coupez les trognons, fanes et épluchures épaisses
- Écrasez les coquilles d’œufs (un sac plastique + votre pied = combo parfait)
- Broyez ou hachez les petits bois avant de les mettre dans le bac
- Évitez d’ajouter les noyaux ou gros pépins (jeter à part ou enterrer dans la terre)
❌ Évitez :
- Les déchets entiers non découpés
- L’accumulation de matières dures non mélangées
- De croire que “plus c’est naturel, plus ça passera tout seul”
Astuce maison : placez une petite planche et un couteau émoussé près du compost. En 30 secondes, vous réduisez vos déchets, et vous gagnez des semaines de maturation.
5. Mettre des sacs biodégradables qui ne le sont pas (chez vous)
Le marketing a bien fait son travail : on voit partout des sacs estampillés “biodégradables”, “compostables”, voire “OK compost”. Alors naturellement, on se dit qu’ils peuvent aller dans les composteurs de jardin. Erreur. Ces sacs ont été conçus pour des conditions industrielles, avec température élevée, brassage fréquent et contrôles stricts. Or, rien de tout ça ne se passe dans un bac domestique.
Résultat ? Les sacs restent intacts pendant des mois. Pire : même quand ils semblent “fondus”, ils laissent des résidus de plastique invisibles. L’ANSES l’a confirmé en 2023 : dans un compost de jardin, ces plastiques partiellement dégradés peuvent libérer des microplastiques, des résidus chimiques, et polluer le sol. Et là, on est loin du cercle vertueux…
C’est d’autant plus dommage que le geste part d’une bonne intention. Mais le bon geste, ici, c’est de revenir au plus simple et au plus naturel.
Eviter les sacs et autres emballages
✅ Faites :
- Videz vos déchets directement dans le composteur, sans sac
- Utilisez un seau de cuisine que vous rincez régulièrement
- Si besoin, emballez vos déchets dans du papier journal ou un essuie-tout compostable (non imprimé)
❌ Évitez :
- Tous les sacs dits “biodégradables” ou “compostables”, même certifiés
- Les sachets en amidon de maïs ou en plastique “biosourcé”
- Les emballages douteux ou partiellement compostables
Réflexe simple : tout ce qui ressemble à du plastique, même “vert”, n’a rien à faire dans un composteur de jardin.
Composter oui, mais pas n’importe comment
Composter chez soi, ce n’est pas “jeter et oublier”. Beaucoup d’infos circulent, mais trop peu disent la vérité : il y a des règles de base à respecter. Ce n’est pas élitiste, ce n’est pas technique. Mais ce n’est pas non plus l’affaire de “tout se dégrade un jour”.
Il faut accepter que non, tout ne va pas au compost, que certains déchets posent problème, et que les composteurs domestiques ont leurs limites. Une fois qu’on a intégré ça, on arrête de vouloir “tout recycler coûte que coûte”, et on commence à produire un compost vraiment utile, pour soi et pour la terre.
Un bon compost, c’est d’abord du bon sens. Et franchement, ça fait du bien.